Au sein de G6 (voir « Profil de l'Auteur » pour la présentation du G6) les avis divergent sur la réponse à donner le 29 mai. Même si le NON parait majoritaire au sein du groupe, les partisans du OUI ne désespèrent pas qu'un élan positif s'emparera des consciences le jour du vote. Pour ma part, je n'avancerai qu'un seul argument pour défendre le OUI. Il tient essentiellement à la symbolique de l'acte. Explications.
L'Europe s'est déchirée durant des siècles pour des problèmes de religions, de pouvoir et de frontières, jusqu'à l'apothéose finale constituée par la 2ème guerre mondiale et l’horreur des actes qu’elle a engendré (Camps d’extermination, Bombe atomique). La seule conséquence un tant soi peu positive fut la décolonisation de ce qui est devenu ensuite le Tiers-monde. Si aujourd’hui j’estime qu’il faut dire OUI à la constitution européenne, autant il fallait avoir le courage de dire NON à Hitler en 1938 à Munich.
La constitution européenne n’apportera certes pas de grandes révolutions au sein de l’Union, si ce n’est la création des fonctions de Président et de Ministre des Affaires étrangères, mais elle constitutionnalise tous les traités et accords antérieurs et ceux qui sont actuellement en vigueur. Ne pas l’adopter ne résoudra pas les problèmes avancés par les partisans du NON, mais l’adopter c’est donner un fond politique à L’Europe, une âme commune aux différentes nations qui la constituent aujourd’hui. L’Union européenne existe depuis prés d’un demi-siècle essentiellement sur des fondements économiques, une Constitution lui apportera son socle politique et démocratique indispensable avant tout autre élargissement. Il me paraît fondamental, à l’instar des Etats-Unis d’Amérique, d’instaurer cette notion de « Nation européenne », régie par les mêmes lois fondamentales, où les personnes circulent librement d’Etat en Etat, mais où chaque peuple garde ses propres règles de vie conformes à l’esprit européen symbolisé par la Constitution.
Du même coup, l’adhésion des nouveaux membres ne sera plus accordée comme une « récompense » à une conformité à des critères économiques, mais comme une « adhésion » à l’esprit européen qui tient ses racines aussi bien dans la Grèce des premiers démocrates, dans la Rome de la « Vox Populi » et des Sénateurs, que dans la Scandinavie des grands navigateurs vikings ou encore dans l’Europe centrale des riches royaumes germains et slaves. L’Europe est riche de ses diverses origines culturelles, les unir dans une même déclaration pose les jalons d’une paix durable pour que les horreurs et les erreurs du passé ne se reproduisent plus.
Dire NON à la Constitution ne signifie par pour autant qu’il y aura un plus grand risque de guerre en Europe, ou que l’Europe reculera d’un coup 20 ans en arrière. Mais dire OUI, évitera certainement de faire du sur-place, le temps de renégocier un nouveau texte, qui de toute façon ne satisfera toujours pas tout le monde, et enverra ENFIN un signal fort au reste du monde pour lequel l’Union Européenne n’est qu’une machine technocratique sans âme, un concurrent économique facile à contrer, une fédération gentille d’Etat ne parlant que rarement le même langage diplomatique. Les Etats-Unis d’Amérique sont riches et fort de cet esprit d’Union, la Chine en pleine expansion est puissante de son unité culturelle et l’Inde multiraciale tient son unité politique par une âme unique.
Enfin, dire OUI c’est aussi éviter de montrer au reste de l’Union que nous réglons nos problèmes nationaux sur le terrain international, sous le seul prétexte que 2005 offre cette unique possibilité au Français de s’exprimer par les urnes, cela avant la prochaine période électorale très chargée de 2007. Les partis de l’opposition l’ont bien compris mis à part le PS qui a su faire preuve de discernement et de mémoire historique dans son combat pour une Europe forte et unie.
Jan
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