L’éventualité du classement d’une partie de l’ile de Porquerolles en Cœur de Parc dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle loi, dite « Loi Giran », portant sur la réforme des parcs nationaux, déchaine depuis 2006 de nombreuses passions qui alimentent d’aussi nombreuses rumeurs et incompréhensions. Des passions actuellement aux limites de la violence, même entre habitants de l’ile, où il est préconisé à l'heure acteulle de "choisir son camp". Je suggère à certains de relire "Le Grand Fossé" avec Asterix.
Le phénomène s’accélère à présent, puisque le Parc National doit se prononcer en Conseil d’Administration le 22 décembre sur les différentes zones du futur périmètre du Parc National de Port Cros. Il semble donc utile de rappeler certains faits et autres constats, même si le processus définitif n'entrera en vigueur que d'ici 3 ou 4 ans, après enquête publique et décision en Conseil d'Etat.
Tout d’abord et n’en déplaise à certains, « l’intelligence » du maire de Hyères dans ce dossier ne se limite pas à des considérations humaines ou électorales, mais bien plus politiques. Proposer à l’Etat, qui est propriétaire des terres actuellement gérées par le Parc, un projet « d’Archipel exemplaire » afin de lui faire avaler la pilule du refus municipal d’adhérer à un cœur de parc sur l’ensemble de l’ile est tactiquement bien pensé. De toute façon le Parc sera toujours présent en tant que gestionnaire d’une nature à protéger. Car l’enjeu réel est bien là. Il y a une nature à protéger depuis l’acquisition par l’Etat en 1971 de 75% des 1250 hectares de l’ile. Que la gestion de cette protection ait été confiée au Parc National de Port Cros, existant depuis 1963, semblait une évidence et ne posait jusqu’alors de problème à personne. Il fallait bien un opérateur, car ni les habitants, ni la commune ne semblent capables de gérer ces espaces de la manière dont ils sont gérés actuellement. Qu’il y ait des désaccords sur cette gestion est normal, car tout est perfectible, notamment sur la récupération des eaux de pluie et l’entretien des chemins. Les récents rapprochements du Parc avec les habitants et commerçants de l’ile dans l’élaboration de l’actuel Plan de Gestion démontrent le souhait du Parc à faire participer les acteurs locaux à cette gestion.
D’autre part, il faut bien admettre que la nouvelle loi tient justement compte de la vie économique, sociale et culturelle mais aussi politique au sein des Parcs Nationaux, puisqu’elle ouvre le conseil d’administration du Parc aux élus locaux de manière paritaire, qu’elle met en place des Conseil économiques et sociaux locaux et qu’elle propose aux acteurs locaux d’élaborer une charte qui régira la vie à l’intérieur du nouveau Parc. On a le droit de ne pas être d'accord avec les opinions du député Giran, mais il faut admettre que le vote unanime dela loi à l'Assemblée Nationale lui octroye un caractère supra-politique.
En réalité, à écouter les raisons principales au refus des habitants de l’ile à l’élargissement du Parc national de Port Cros sur Porquerolles le problème essentiel réside dans les comportements. C’est simplement une question d’attitude. On se rend bien compte que ce qui est reproché au Parc c’est essentiellement son côté restrictif et répressif concernant la libre circulation des habitants sur « leur ile ». Les restrictions qui touchent les habitants de Port Cros, où le Parc gère 100% du territoire depuis des décennies, ne sont pas le meilleur exemple et cela n’incite pas les Porquerollais à une confiance sans faille vis-à-vis du Parc. Ce dernier leur garantit certes par écrit la préservation des droits et usages actuellement en vigueur dans une future charte. Mais qu’en sera-t-il dans l’avenir?
C’est donc avant tout une question d’attitude qui est en jeu, et ce quelque soit le statut finalement adopté pour Porquerolles au sein de la zone périphérique du Parc. On peut penser attendre d’un agent du Parc qu’il s’occupe de la nature et non qu’il soit un "policier de l'environnement" défendant la nature à coup de procès-verbaux ou d’attitudes agressives, cela encore moins envers les habitants qu’il côtoie au quotidien. Une question d’attitude, car on s’attend qu’un habitant n’ira pas rouler avec son engin motorisé là où la nature est fragile et que des agents s’efforcent de protéger. La nouvelle loi propose justement que les agents du parc évoluent dans leurs attitudes vers des personnels aux services de la nature en coopération avec les acteurs locaux. Un deal sensé voudrait que la réciprocité rapproche les agents du futur avec les iliens, donnant à ces derniers les moyens de prouver leur degré d’implication dans la préservation de ce territoire qui leur est si cher. Pourquoi ne pas prévoir également que le Parc embauche à l'avenir plus de jeunes îliens, qu'il formerait dans le cadre d'une formation en alternance, avec un poste à l'issue des études et de la formation?
Le statut d’ilien réclamé par certains et promis par le maire, permettrait sans doute de préciser les différences entre continentaux et iliens en tenant compte des contraintes inhérentes à une vie sur une ile. Mais n’y a-t-il pas danger à vouloir catégoriser à tout prix, sous peine de se voir reprocher d’accorder ou de percevoir des privilèges, alors que des exceptions prises en charge par la communauté sont déjà en place, comme des tickets maritimes subventionnés, un parking spécifique, des places au port au tarif réduit ? Encore une fois, tout est perfectible mais jusqu’où aller sans créer de rancœurs et de jalousies ? Porquerolles fait avant tout partie de la commune d’Hyères où les Hyérois, pareillement imposés comme les Porquerollais, pourraient réclamer au moins autant de droits que les iliens, ne serait-ce que d’un point de vue d’égalité devant la loi et de justice fiscale ; alors qu’il suffirait simplement d’évoluer de part et d’autre vers des attitudes et comportements sensés et respectueux des hommes et de la nature.
Jan GABRIEL
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