Toute ville possède son avenue principale. Une artère qui la distingue, l’identifie et que tout le monde associe à la cité. On connaît par cœur celles de Nice, Cannes, Marseille, Paris ou encore Toulon. A Hyères, c’est tout simplement l’ « Avenue Gambetta ». Quel conseil municipal irait débaptiser la Promenade des Anglais, la Croisette, la Canebière, les Champs Elysées ou le boulevard de Strasbourg ? Alors, bien entendu que Léopold Ritondale méritait un jour un hommage qui s’inscrive dans le temps et dans l’histoire d’Hyères. Mais Léon Gambetta ne méritait certainement pas de disparaître du paysage historique de cette manière, bien qu’à l’évocation de son nom peu sont ceux qui peuvent décrire le personnage. Un coup d’œil sur Internet ou dans une encyclopédie peut rapidement rafraîchir la mémoire ou apprendre ce que l’on ne savait pas.
On pourrait alors discuter longtemps sur la comparaison des deux personnages, du poids historique de chacun et de leur « mérite » à se voir octroyer à titre posthume le nom d’une avenue, d’un boulevard ou d’une place. Il en ressortira in fine que tous les deux ont été des hommes politiques chevronnés, ont défendu la République, chacun à sa manière et à son époque, et ont laissés une trace indélébile, l’un dans l’histoire de France, l’autre dans l’histoire de notre commune. Certainement que l’un ne méritait d’être effacé par l’autre. La règle du « premier servi » peut sans doute être appliquée.
Le débat se pose par conséquent plus sur l’opportunité, voir sur l’utilité, de changer le nom d’une avenue qui est l’emblème de la cité, le portail par lequel tout le monde entre dans la ville, l’artère qui dessert toutes les autres voies, celle qui mène au centre ville, l’Avenue avec un grand « A » qui se distingue de toutes les autres et que l’on n’est pas obligé d’expliquer où elle se trouve.
A-t-on consulté les habitants et commerçants de cette avenue pour connaître leur opinion sur la question ? Ne méritait pas ce sujet une consultation publique sous forme de référendum ? Etait-ce si urgent de procéder à ce changement de nom, à peine un an après le décès de l’ancien maire ? N’y avait-il pas d’autres moyens de lui rendre hommage en octroyant son patronyme à des lieux qui n’étaient pas encore nommés, comme cela a été fait pour la médiathèque ? Ne doit-il pas y avoir un « délai d’analyse historique » avant de procéder à un hommage, surtout quand il s’agit d’une personnalité politique qui n’a pas vraiment fait l’unanimité dans la population et encore moins lors des élections ? Autant de questions que l’actuelle majorité ne s’est assurément pas posé, pressée par une excitation « naturelle » à vouloir rendre hommage à ce mentor qui l’a soutenue lors des dernières élections, même au-delà de sa propre mort.
Dans cette histoire il serait plus opportun de tenir compte de l’avis des vivants qui subissent, sans que l’on ai demandé leur avis, un hommage posthume, réalisé donc au profit d’une personne décédée qui, par définition, n’en a cure de savoir si son nom a été attribué à une rue, un bâtiment ou une place. Les déclarations de Léopold Ritondale de son vivant ainsi que celles de ses descendants ne font que confirmer qu’il n’a jamais été question de débaptiser l’avenue Gambetta.
De toute façon, gageons que tout le monde continuera à l’appeler ainsi encore longtemps, en marge des querelles politiques que cela va engendrer dans le futur. Et cela découle du bon sens, tout simplement.
Jan GABRIEL
Keep up the good work.
Rédigé par : Libba | 23 avril 2009 à 06:04